Consentir à la vie.
Notre propre vie ne nous est pas propre : elle s'est d'abord faite en nous, sans nous. Puis vient le jour où, ayant appris à se posséder mieux, revient à chacun le pouvoir de refuser cette vie reçue passivement. N'est-ce pas là la liberté par excellence : dire non à ce qui s'impose sans se proposer ?
Mais il est une autre liberté, plus généreuse, plus large et plus pleine de risques, dont ce
Petit traité de la joie se fait l'éloge : consentir à la vie, ouvrir les bras à ce qui fut d'abord étranger. Non pas d'un oui du bout des lèvres : la question du consentement à l'existence est, selon le mot de Nietzsche, « la question primordiale ». D'une telle question dépend notre façon d'accueillir le passé comme d'engager l'avenir. Elle exige donc, en guise de réponse, que nous offrions à l'existence un oui à la mesure de nos vies : ample comme le sont nos peines, surabondant à la mesure de nos joies.
Alors, cherchant moins à conquérir qu'à recevoir ce qu'on a, la vie apparaîtra comme ce qu'elle est : un présent auquel on peut apprendre à être davantage présent.
Agrégé et professeur de philosophie, spécialiste de Simone Weil, chroniqueur à La Croix, Martin Steffens s'est imposé comme l'un des jeunes penseurs d'aujourd'hui par son traitement singulier, entre autres, de l'épreuve et de la joie, de la violence et du consentement, de la mort et du corps.