Présentation
Un petit livre fondamental, donc, au sens où il pose les fondements rationnels de l'émerveillement devant un « monde beau et très divers ».
Depuis une époque immémoriale, nous sommes entourés d'êtres et de choses - des animaux et des plantes, des objets quotidiens, des bâtiments - qui ont une forme reconnaissable, un certain « visage », et c'est une donnée première de notre expérience. Cela contribue à tisser une « texture des choses » que diverses théories contemporaines, de concert avec certaines forces sociales, s'emploient à défaire ou tendent à nier. (« Il ne faut pas s'imaginer que le monde tourne vers nous un visage lisible », a déclaré Foucault). Ainsi s'effectue peu à peu, de diverses manières, une disparition des formes et un retour à une réalité supposée être originairement un flux indifférencié.
Pour s'opposer à cette tendance à la fois intellectuelle et sociale, Jacques Dewitte met en évidence, à travers des lectures serrées, un terrain commun pouvant accueillir à la fois une pensée des apparences vivantes et du tact qu'exige toute classification (Adolf Portmann), un renouveau de la typologie en architecture (Léon Krier), une exigence de faire distinctions conceptuelles dans la théorie sociale et politique (Hannah Arendt), sans oublier une théologie des êtres créés selon leur espèce.
À propos de l'auteur :
Jacques Dewitte est l'un de nos plus remarquables et de nos plus discrets penseurs contemporains. Traducteur d'Hannah Arendt, Adolf Portmann, Robert Spaemann ou Leszek Kolakowski, il est l'auteur de quelques ouvrages décisifs : Le pouvoir de la langue et la liberté de l' esprit (Michalon, 2007), L' exception européenne (Michalon, 2008), La manifestation de soi (La Découverte, 2010).